Concours Poésie 2025 Association la 25 eme heure du livre.


Manon MATHIEU Et pourtant elle demeure.

Et pourtant, elle demeure

Elle fut d’abord une ombre sur la pierre,

Trace de paume oubliée dans le ventre d’une grotte

Chant muet tissé dans le feu,

Quand le monde n’avait pas encore appris à nommer la lumière.

Elle fut déesse aux bras fertiles,

Couronnée de constellations et de silences,

Maîtresse des saisons, des marées, des chairs.

Son nom vibrait sur les lèvres tremblantes,

Jusqu’à ce qu’on l’enfouisse sous des siècles de cendre.

Alors elle brûla.

Non d’amour, mais d’avoir trop su.

Herboriste, sage-femme, libre.

Elle devint flamme, puis poussière, puis légende.

Mais les cendres n’oublient jamais le feu.

On la fit statue, muse, trophée

Jamais souffle, jamais main.

Elle écrivit dans les marges,

Aima dans le secret,

Lutta dans l’ombre.

On l’a voilée, vendue, jurée.

Mais elle, patiente, tissait .

À la pointe d’une aiguille,

À la pliure d’un poème,

À la racine d’un chant.

Et quand vint le temps des marches et des cris,

Elle ne demanda pas la clé —

Elle fractura la porte.

Debout. Innommée. Innombrable

Elle n’est pas passée, elle est passage.

Elle n’est pas une, elle est toutes.

Elle n’est pas mémoire, elle est le fil.

Et sur les ruines du silence,

Elle demeure.

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