Concours Poésie 2025 organisé par l’association la 25 eme heure du livre.

Auns DAROUAZ KECHICHE

D’une femme à une autre.

Petite fille aux genoux constellés d’éraflures,

Tu cours après le vent, les bras ouverts,

Ignorant encore que certains ciels restent clos.

Tu parles aux arbres,

Leur confiant tes songes comme on sème des étoiles.

Un jour, tu comprendras

Que toutes ne parviennent pas jusqu’à l’aube.

On te dira d’être la douceur,

L’eau tranquille qui ne déborde pas.

Mais toi, déjà, tu rêves d’être fleuve,

Torrent insoumis charriant des éclats de lune.

N’écoute pas ceux qui voudraient faire de toi

Une mer captive entre des digues trop étroites.

On t’apprendra le silence,

L’art de plier la langue sous le poids des convenances,

Comme Antigone condamnée pour avoir osé dire non.

Mais souviens-toi, enfant,

Les mots qu’on ravale finissent par nous brûler.

Un jour, tu parleras sans trembler,

Et ton verbe sera flamme.

Il y aura des soirs d’ombre,

Des nuits où tu rêveras d’être à nouveau

Celle qui dansait pieds nus sur les grèves,

Sans songer au regard d’Ulysse quittant Ithaque.

Ne laisse personne t’enseigner la prudence

Comme un vêtement trop lourd.

Car vois-tu, je suis toi,

Mais avec des blessures tissées en pelote de vie,

Des traces des chemins empruntés,

Comme autant de médailles invisibles.

J’ai appris que l’aube appartient

À ceux qui refusent de s’éteindre.

Alors cours,

Sans crainte des vents contraires,

Sans peur des cendres sous tes pas.

Les chemins se forgent sous la semelle de ceux qui avancent,

Et je t’écris d’un avenir

Où tu n’as plus besoin de demander la permission d’exister.

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