Les poches de janvier 2023

Monsieur Romain Gary Consul Général de France Los Angeles 1956-1960 de Kerwine SPIRE chez Folio

Romain GARY fut Consul Générale de France à Los Angeles de 1956 à 1960 auréolé de ses titres de combattant (au sein de l’escadrille » Lorraine « avec Pierre Mendes- France) et d’écrivain.
Quand il prend ses fonctions il n’ a pas publié « Les Racines du Ciel » qu’il écrira pendant ce séjour ni « La promesse de l’ aube ».Le livre sera prix Goncourt en 1956.Une des prémonitions de sa mère se réalise : elle lui avait dit » Tu seras ambassadeur de France ».
Dès son arrivée il ment sur son lieu de naissance :Nice dit-il alors qu’il est né à Wilno en Lituanie. Il se distancie de la réalité.
Il découvre un pays « où l’individu ce n’est pas l’homme mais l’automobile ».Il découvre le mythe de l’ Amérique du self-made-man ainsi que les effets des inégalités.
Passés les premiers moments de son activité diplomatique il s’ennuie. Il commence l’écriture du roman « Les racines du ciel « et fréquente le « Tout Hollywood « pour suivre l’adaptation cinématographique de ce roman.
Le livre présente les différentes positions du Consul face à la guerre d’Algérie, l’échec de l’opération à Suez, l’invasion de la Hongrie par les forces soviétiques ainsi que l’arrivée au pouvoir du Général de Gaulle en 1958.
Pour se distraire il voyage en Colombie, en Arizona et en Californie ,multiplie les aventures féminines -dont Jean Seberg -et se plonge dans l’écriture-prenant de plus en plus de distance vis à vis de ses fonctions officielles. Il se réfugie souvent dans sa maison de Roquebrune pour tenter de se « re-trouver » et pour écrire.
Le roman des transitions et des métamorphoses.

Nickel Boys de Colson WHITEHEAD aux éditions du Livre de poche

L’arrêt de la Cour Suprême Américaine Brown vs Board of education, rendu en 1954 déclare la ségrégation raciale inconstitutionnelle dans les écoles publiques.

Elwood Curtis -jeune noir élevé par sa grand-mère veut intégrer l’Université mais suite à une erreur judiciaire se retrouve dans une maison de correction la Dozier School dénommée Nickel Academy l dans laquelle vivent les Nickel Boys. Cette maison qui a existé -elle a été fondée en 1900 et n a été fermée qu’ en 2011.
Les premières pages du livre son glaçantes. On découvre un charnier près de ce centre : les questions s’accumulent.
Le roman c’est une plongée dans l’univers ségrégationniste : les livres scolaires pour les élèves noirs sont remplis d’insultes racistes et un « contact présomptueux « peut vous emmener en prison. »C’est aussi un texte remarquable sur la question brûlante des relations entre l’ Amérique et la question raciale.
Il existe un décalage vertigineux entre les discours de ML King que lit Elwood et la réalité en Floride.
Elwodd se lie d’amitié avec Turner un orphelin qui se bat pour survivre. Leurs relations les sauveront-elles de cet enfer ?
Il y a dans ce livre une envie de vivre .Mais peut -on vivre et comment survivre à cet enfer ségrégationniste ?
Un grand roman puissant et universel.

Les serpents viendront pour toi d’Emilienne MALFATTO aux éditions J’ai Lu.

L’auteure a publié deux titres de grande qualité : « Que sur toi se lamente le Tigre « et « Le colonel ne dort pas ».

En Colombie, Maritza dite « leader social » est assassinée.
La narratrice-qui a vécu en Colombie -part sur les traces de Maritza de ses six enfants de son village et de son engagement social.
Elle a créé dans un village une sorte de coopérative agricole-dans la Sierra Nevada de Santa Marta, pour des personnes dites « déplacées de l’intérieur »
Déplacées par les violences aux origines multiples -armée, milices groupes paramilitaire motivés par le trafic de drogue, les projets touristiques, le pouvoir ou peut-être par la violence aveugle et sauvage elle – même « Trop d’argent à gagner pour que la vie humaine fasse le poids. » La question de la terre et de sa possession demeure une des clés de ces violences. Ces dernières écrasent les hommes, les villages et la vie : »les muets vivent plus longtemps »p 89.

Mais l’auteure lors de son enquête découvre que le surnaturel fait partie du quotidien de ces hommes et de ces femmes. Ce surnaturel qui accompagne les vivants transforme ce quotidien. L’action des églises est posée mais l’autrice répond à cette quête de sens « la foi est plus belle que Dieu ».
Une écriture de grande qualité au service de ce reportage sans fard. La question éternelle de la « vérité « demeure ouverte

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